• Le bouclier d'Hannibal

    La légende dit qu'Hannibal serait passé avec ses éléphants par Le Passage, lors de la traversée des Alpes ...

    Ce plat circulaire en argent a été trouvé en 1714 dans un champ appartenant à François Gallien de Châbons, seigneur du Passage, qui en devint propriétaire. En 1733, son descendant Joseph le céda au Cabinet du Roi, aujourd'hui Cabinet des médailles où il est toujours conservé. Appelé "missorium" par les archéologues du XIXe siècle (du verbe latin mito : envoyer), ce genre d'objet, vaisselle de prestige et d'obsentation, était pendant l'Antiquité offert par l'empereur à ses fidèles, à l'occasion d'une fête ou d'une commémoration.

    D'un diamètre de 73 cm et d'un poids de 10,1495 kg, cette pièce d'orfèvrerie présente un décor finement ciselé : 96 rayons convergeant vers un médaillon central orné d'un motif en léger relief. La figuration du lion passant à gauche devant un arbre (pin parasol ou palmier) le tout entouré de morceaux de viande rappelle certaines mosaïques d'Afrique du Nord.

    Ce genre d'objet est difficile à dater précisément. Avec prudence, les spécialistes suggèrent de dater le plat du Passage du début du VIe siècle et de lui attribuer la même origine de production (sans doute un atelier d'Italie du Nord), qu'un autre plat découvert en Italie à Fonzaso (Vénétie) et portant un décor similaire, daté par le nom de son propriétaire : Gelimer, roi des Vandales de 531 à 533.

    Deux inscriptions sont tracés au revers du disque. La première indique le poids comme c'était habituel sur l'argenterie antique ; la seconde composée de "onze grands caractères cursifs d'écriture mérovingienne, entre deux croix" a été identifiée comme le nom du possesseur de l'objet, Agneric. Ce nom franc Agneric ou Agnaric a été porté par trois personnages : le père de saint Faron, évèque de Meaux de 627 à 672, d'origine bourguignonne, un grand de la cour de Clovis III à la fin du VIIe siècle et le patrice de Provence, contemporain du précédent. La faible différence de chronologie ne permet pas d'attribution à l'un plutôt qu'à l'autre !

     

    Extrait du livre Patrimoine en Isère, les Vals du Dauphiné, Avril 2013.

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